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Culture et Traditions

Sangha - Pays Dogon
Mali

Le pays Dogon

Le pays Dogon est une région du Mali, située à 800 km à l’Est de Bamako. Connue et reconnue pour la beauté des falaises, qui s’étendent sur plus de 200 km de long, la richesse des traditions, la beauté des habitats, cette région abrite paradoxalement une population extrêmement démunie face aux enjeux climatiques, économiques et culturels auxquels elle est confrontée.

Quatre centres administratifs : Bandiagara (Sangha), Bankass, Koro et Douentza

Trois entités géographiques :

  • Le plateau qui s’étend entre Bandiagara et Sangha
  • La falaise, orientée Sud/Ouest – Nord/Est entre Bankas et Douentza
  • La plaine qui s’étend au Sud/Est jusqu’au Burkina Faso

Sangha : le cœur de la commune est composée de 10 villages : Ogol Leye (Ogol du bas), Ogol Da (Ogol du haut), Barou, Sangui, Inguélé, Gogoli, Dini, Bongo, Diamini Nah, Diamini Ngoura.

Géographie

Le pays Dogon s’organise autour de la falaise de Bandiagara qui délimite 4 espaces distincts :

  • Le Plateau, limité par le Niger à l’ouest et la Falaise de Bandiagara à l’est, une région difficile d’accès pour les habitants.
  • La Falaise, dont la hauteur varie de 300 à 600 m. De nombreux villages ont été construits dans cette zone d’éboulis. Certaines failles rocheuses ont été aménagées pour accéder au plateau et les Dogons y ont construit des escaliers de pierre ou des échelles taillées dans des troncs d’arbres. 
  • La bande de terre arable est située au pied des éboulis de la falaise. À la saison des pluies, elle est traversée par des rivières temporaires qui coulent des hauteurs. C’est une zone très cultivée où existent de nombreux puits qui doivent fournir de l’eau jusqu’à la fin de la saison sèche.
  • La Plaine s’étend au-delà des dunes jusqu’au Burkina Faso. Beaucoup de Peuls s’y sont installés et l’implantation des Dogons y est plus récente que dans la falaise.
Sangha fut la première commune avec laquelle nous avons travaillé en 1982 : située au bord du plateau, le cœur de la commune regroupe 10 villages rapprochés, pour 11 467 habitants. L’agglomération comprend en plus 6 villages isolés sur le plateau et 44 villages dispersés dans la plaine et la falaise, pour un total d’environ 34 000 habitants (2014).
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Les Dogons occupent, depuis le XIIIème siècle environ, la région des ‘’falaises’’ de Bandiagara

Ils ont une langue commune le ‘’dogoso’’ : « parole ou langue de Dogon ». Elle comporte cependant de nombreux dialectes présentant des différences de lexique et de morphologie. Le « dyamsay » est le dialecte dans lequel sont énoncées les prières traditionnelles, les chants rituels, les devises et notamment le titre d’honneur des Arou.

Selon la tradition, les Dogon seraient originaires du Mandé. Refusant de se convertir à l’Islam, ils émigrèrent pendant plus d’une centaine d’années avant de s’installer dans les falaises de Bandiagara.

Ils sont répartis en quatre tribus : Dyon, Ono, Domno et Arou, et ils gardent encore très vif le sentiment d’appartenance à leur tribu.

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Climat

La région est située dans la zone sahélienne avec un climat tropical aride qui comprend deux saisons par an, la saison des pluies dure à peine trois mois. La moyenne des précipitations annuelle est très variable, généralement entre 250 et 450 mm.
Une sécheresse est présente depuis plusieurs années due à des facteurs multiples : baisse du niveau du fleuve Niger, absence de pluies certaines années et accroissement de la déforestation.
De fait, nos amis au pays Dogon, en accord avec les études climat, nous signalent une avancée significative du désert ces dernières années. Un programme spécial des Nations Unies, la Grande Muraille Verte prévoit de « ceinturer » le désert par une barrière végétale continue traversant le continent africain : 7 000 km de long par 15 km de large (sic !).

Au regard de l’instabilité politique de la région et des difficultés à fédérer les différents acteurs économiques, elle a peu de chances de voir le jour.

Pour notre part, nous préférons travailler de concert avec la population sur des projets locaux afin de répondre à cette menace constante. Il n’y a plus aucune institution internationale présente dans cette partie du Mali et nous sommes sans doute une des dernières associations à avoir encore des liens sur place et à pouvoir agir.

Vie politique

La nouvelle constitution qui a institué la démocratie a été adoptée par référendum le 12 janvier 1992.

Alpha Oumar Konaré est élu président de la République de 1992 à 2002. Amadou Toumani Touré lui succède de 2002 à 2012. Il sera renversé par un coup d’état militaire. En août 2013, Ibrahim Boubakar Keïta dit IBK est élu président de la République. Il sera réélu en aout 2018. Le 18 août, des militaires renversent le président IBK et le premier ministre Boubou Cissé et forment un Comité National pour le salut du peuple (CNSP).
Le 24 mai 2022, le colonel Assim Goïta, vice-président de la transition, fait arrêter le président IBK et Moctar Ouane, le premier ministre du Mali. Ce renversement survient neuf mois après un autre coup d’état qui avait mis fin à la présidence d’IBK.

 

Indicateurs-clés du Mali

Superficie : 1 246 814 km² – 2,3 fois la France métropolitaine

Population du Mali = 22 395 489 (source INSAT-Mali 2022)

Densité de population = 18,78 km²
IDH (Indicateur du Développement humain) = 0,428 soit le 186ème pays sur 196, un des pays les plus pauvres de la planète (2021)

PIB par habitant = 804€ par habitant (2022) – France = 38 550 € par habitant (2022)

Taux de natalité = 41,64‰ (2021)

Indice de fécondité = 5,96 enfants par femme (2021)

Taux de mortalité infantile = 31,6/1000 enfants avant l’âge d’un an (2020)

Taux de mortalité= 9,27‰ (2021)

Espérance de vie = 58,94 (2021, moyenne des hommes et femmes)

Capitale : Bamako (environ 1 800 000 habitants)

Monnaie : Franc CFA** (Communauté Financière en Afrique)

Langues : français (langue officielle), bambara, senoufo, sarakolé, dogon, touareg, songhai…

Régime politique : République présidentielle

Situation géographique : Zone sahélienne au sud Sahara, traversée par les fleuves Niger et Sénégal.

Population par tranche d’âge (2021) :

  • De 0 à 14 ans : 50,1 %

  • De 15 à 64 ans : 46,6 %

  • 65 ans et plus : 3,2 %

Taux net de scolarisation à l’école primaire = 54,7% (2021)

Taux d’alphabétisation des femmes = 22,08 %, femmes entre 15 et 24 ans= 38,45%

Des hommes= 40,43%, des hommes 15-24 ans = 55,23%

(cf. Wikipédia : taux d’alphabétisation par pays)

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**Franc CFA : Monnaie ayant cours dans de nombreux pays de l’Afrique de l’Ouest qui a une parité fixe par rapport à la monnaie française. 100 F CFA valaient 1 Franc Français jusqu’au 1er janvier 2002. Depuis, son cours s’établit par rapport à l’Euro et donc 100 F CFA valent 0,15 €. Dans la réalité, le change se pratique de 630 à 655 F CFA pour 1 €

Organisation sociale

Les activités quotidiennes sont réglées au rythme des saisons.
L’année commence lors de la récolte du mil qui est le moment clé de l’activité, car le mil forme la base de l’alimentation. La culture des oignons qui a commencé plus tardivement avec la création de barrages et des retenues d’eau se déroule pendant la saison sèche. 
Les artisans du fer, du bois et du cuir forment des castes et traditionnellement ne peuvent pas se marier avec les membres du groupe des cultivateurs. 
Ils ont une organisation patriarcale. La semaine de 5 jours est ponctuée par l’organisation d’un marché.

Religion des Dogons

Les dogons, sont traditionnellement de religion animiste : croyance en un esprit, une force vitale -Nyama en dogon-, qui anime les êtres vivants, les objets mais aussi les éléments naturels, ainsi qu’en des génies protecteurs (cf. Wikipédia Animisme). Même si, depuis de très nombreuses années, protestants, catholiques et plus récemment, musulmans ont invité plus ou moins radicalement la population à se convertir.
D’après une lecture par Marcel Griaule de la cosmogonie Dogon, l’écosystème monde du vivant est au croisement du ciel ouvert vers le haut et de la terre rectangle en bas. Le dieu Amma siégeant au ciel, a donné vie à 2 jumeaux, 2 génies androgynes ou Nommo et a utilisé la terre pour leur donner « forme, matière et la force vitale du monde, source de mouvement et de persévérance dans l’être » (M. Griaule, 1966, 25).
Ciel et terre sont des principes avant d’être des réalités et la terre contient des morceaux de ciel : avant que l’humain ne soit enfanté, un Nommo prend un morceau du placenta du ciel pour descendre sur terre, ce placenta deviendra terre. D’après Marcel Griaule, l’ancêtre créateur descend sur terre avec un morceau du ciel (M. Griaule, 1966, 39). Les chiffres 4 des 4 directions et 8 sont aussi centraux : 4 ancêtres mythiques donnent 8 par croisement, mais il existe aussi 8 principes directeurs ou 8 souffles, kikinu, qui se distinguent en 4 principes de corps et 4 principes de sexe (G. Dieterlen, La Notion de personne en Afrique Noire, CNRS, 1973). On retrouve ce système de représentation de l’univers matérialisé dans les maisons, le panier offert par Amma aux ancêtres pour émigrer, ou les masques matérialisant l’imbrication complète du spirituel et du matériel, la conception écologique du monde des Dogon.

Stylisation et analyse de la maison et des masques Dogon.

Le rectangle ouvert vers le haut renvoie au ciel avec au centre (trait vertical) le dieu Amma entouré des 2 génies Nommo (traits latéraux). Dans le masque singe, ce rectangle devient une sphère et une tête. C’est aussi la tête de l’homme branché sur le ciel (avec notamment les grands masques et les masques kanaga à 3 branches verticales).
Au centre la base du rectangle correspond au 2ème niveau de la maison, c’est aussi le centre, le ventre et pourquoi pas l’homme entre ciel et terre. Dans le masque singe c’est un corps humain sans tête ou seulement un ventre ; dans le masque kanaga c’est soit un rectangle surmonté par les 3 flèches vers le haut et porté par 2 bras posé sur un carré avec des yeux, soit un rectangle ouvert vers le haut et un rectangle ouvert vers le bas assemblé par un rectangle vertical.
En bas, un rectangle ouvert vers le bas, où se trouve la porte, à la fois les jambes mais aussi la terre. Sur les masques, c’est un rectangle qui devient conique ou bras pour porter l’étage supérieur et est en même temps visage montrant l’interpénétration du ciel, de la terre et de l’homme. Les traits horizontaux peuvent être compris comme les relations à l’environnement.

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La société des masques

La société des masques est une société initiatique constituée d’hommes circoncis.
Elle intervient lors des cérémonies funéraires, notamment lors des funérailles et du Dama (levée de deuil).

Le Sigui enfin, cérémonie de transmission de savoirs qui se déroule tous les 60 ans, temps d’une génération, se déroule sur sept ans.  Il commémore la révélation de la parole orale aux hommes, ainsi que la mort et les funérailles du premier ancêtre.

Germaine Dieterlen et Jean Rouch ont réalisé plusieurs films lors des dernières fêtes entre 1967 et 1974. Les prochaines fêtes devraient avoir lieu en 2027.

Aujourd'hui...

Si la religion animiste était encore très répandue dans les années 1990, depuis une trentaine d’années la conversion à la religion musulmane a largement éradiqué les pratiques ancestrales.

Entre les années 1970 et 2012, les activités touristiques provoquèrent un développement exponentiel de compagnies touristiques et de campements. Cette activité s’est effondrée brutalement avec le début des événements politiques de 2012. L’incapacité du gouvernement d’Amadou Toumani Traoré à donner aux forces armées maliennes les moyens de défendre l’intégrité du territoire national permet au capitaine Amadou Haya Sanogo, grâce à un coup d’état militaire, de prendre le pouvoir. Après l’élection d’Ibrahim Boubacar Keita et avant la fin de son deuxième mandat, le colonel Assimi Goïta organise un coup d’état. Il devient de facto, président du Comité National pour le Salut du Peuple. Depuis le gouvernement français et l’armée française sont persona non grata au Mali.
La rébellion Touareg conjointe à l’apparition de mouvements islamistes dans le Nord du Mali a complètement déstabilisé le pays jusqu’à aujourd’hui.
La crise politique à laquelle le Mali et le 
pays Dogon sont confrontés provoque des déséquilibres profonds au sein des populations : disparition des revenus liés au tourisme, exode des jeunes vers les villes et l’étranger, difficultés grandissantes pour cultiver la terre, exode rural, insécurité, violence voire racket…